Dix ans après avoir disparu au Sahara, un chasseur alpin rentre chez lui. Tout le monde le croit mort. Seule sa fille attend encore son retour.
Soldat perdu, Ulysse furieux, il rapporte sur sa montagne les crimes d’une lignée qui a pillé l’Afrique de l’Ouest au temps des colonies, avant d’installer son empire sur les Alpes du Sud.
Des terres brûlantes aux sommets enneigés, une ombre l’accompagne. À la fois jeune et vieille, blanche et noire, cette force se joue des époques et des continents. Pour que justice soit faite, elle œuvre dans la nuit des âmes, dressant les femmes contre les hommes, les frères l’un contre l’autre, les fils contre les pères. Sous le regard des animaux de la forêt, dieux silencieux, le temps s’enroule autour de la faute originelle. Ici et là-bas, autrefois et maintenant, ni les vivants ni les morts ne trouvent le repos.
Le sang noir de la vengeance coule dans leurs veines.
Du petit matin jusqu’au soir du 13 novembre 2015, cinq personnages chassent le bonheur dans les rues de Paris, poussés par des vents contraires : l’espoir et les regrets, la colère et le calme, la joie et le deuil. Les pas de ces Parisiens les rapprochent du concert ou les en éloignent ; leurs destins s’entrelacent ou s’écartent. Ni le feu ni la foudre capte la lumière de ces étoiles sur le point de s’éteindre.
Qu’y a-t-il dans la tête et le cœur de ces petits Français « de souche » qui partent se faire tuer en Syrie au nom du djihad ? Le Français est la réponse romanesque à cette interrogation.
Le narrateur, dont on ne connaîtra pas le nom, broie du noir dans sa Normandie natale, zone grise entre province et grande banlieue de Paris. La belle Stéphanie éclaire un temps la monotonie de ses jours, mais elle n’est qu’un mirage. Puisque l’horizon est sans issue, pourquoi ne pas fuir ? Ce sera d’abord l’Afrique, au Mali, dans le sillage d’individus peu recommandables. Aux portes du désert, il suffit de se rêver grand pour le devenir. Cette illusion-là non plus ne dure pas longtemps. Le rêve se termine quelque part en Syrie, dans une forteresse djihadiste où les hommes ont oublié leur humanité. Le Français, dont nous avons suivi pas à pas le chemin, y devient un monstre presque contre son gré. Sa lucidité d’enfant perdu est un cri déchirant dont l’écho se prolonge bien après la dernière page.
Dans une France en guerre contre elle-même, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours. La violence de leur idée fixe va renverser d’autres destins, puissants, infortunés, des dalles de la banlieue parisienne jusqu’au cœur de l’État.
« Où avez-vous l’intention de faire sauter vos bombes ?
- Je vous demande pardon ?
- Les cinq bombes. Paris piégé. Dawa al-Islamiya, ajoute l’homme en arabe, avec un parfait accent constantinois qui lui glace le sang.
- Qui êtes-vous ?
- Quelqu’un qui a vécu en Algérie, il y a très longtemps, à l’époque où ton père sévissait dans les Aurès. Quelqu’un qui te protège depuis une semaine, et qui va vous tuer, toi et lui, comme j’ai tué ton chien de frère il y a dix-sept ans. »